[En direct des JNAU] Dans le cadre des journées nationales de l’agriculture urbaine, GROOF (Charles-Henri Botton) a animé aujourd’hui une table ronde autour du sujet « les attentes liées au développement de l’agriculture urbaine ». Voici un retour sur les échanges.
Les participants :
- Franck Sciessere, La Cour des Loges
- Florence Ghestem, Collectif Autonomie Alimentaire Grenoble
- Tatiana Bouvin, Services Espaces Vert de la Ville de Lyon
- Jean-Michel Herbillon, Incroyables Comestibles France
Les citoyens : des attentes, de l’action, et une vision de transition !
La demande en agriculture urbaine venant des citoyens est de plus en plus forte. Dans la Ville de Lyon, les jardins partagés, inexistants dans les années 90, sont au nombre de 45 actuellement. Les motivations des citoyens pour jardiner relèvent de l’envie de comprendre comment ça marche, de mettre la main à la terre.
Même si aujourd’hui c’est le parcours du combattant pour un habitant qui voudrait jardiner l’espace public, des citoyens agissent, tels les Incroyables Comestibles. Leur objectif est de montrer qu’il est possible de changer le monde, dans une volonté de transition citoyenne. Ainsi, l’énergie des Incroyables Comestibles est destinée pour 50% aux plantations, et pour 50% à la pédagogie pour promouvoir un changement de système.
Le rôle des collectivités, zoom sur Lyon
A Lyon, l’agriculture urbaine se développe : la ville compte sur son territoire 30 projets liés au maraîchage urbain, 800 micro-implantations florales, 15 ha de jardins collectifs, etc. Pour continuer à développer cette dynamique, et surtout la rendre plus visible, il faudrait investir l’espace public. C’est l’un des objectifs de la Ville de Lyon, qui réfléchit à une autorisation administrative souple, comme le permis de végétaliser à Paris.
De plus, la prise de conscience de l’intérêt de l’agriculture urbaine doit être collective. Par exemple, les habitants peuvent aussi gérer les espaces en les cultivant, ce n’est pas une prérogative unique des services espace vert.
De plus en plus de collectivités élaborent également un projet alimentaire territorial, qui permet de répondre à de nombreux enjeux (la santé, la pédagogie, l’emploi, etc) mais nécessite de changer d’échelle. A Albi par exemple, un travail avec les Incroyables Comestibles vise l’autonomie alimentaire, avec la démarche « Villes et villages comestibles en France. » La promotion de tels projets est l’objet de l’action du Collectif Autonomie Alimentaire Grenoble.
Et les restaurants ? Exemple de la Cour des Loges.
La Cour des Loges a construit une logique de circuit court et local. Avec 2 restaurants, et une activité de groupe (banquets), la restauration est un pan important de l’activité de l’hôtel.
La rencontre avec la Ferme de l’Abbé Rozier a permis de mettre en place de nombreux projets, en premier lieu la livraison quotidienne de légumes, ce qui permet de proposer des légumes anciens. 70% des légumes utilisés par la Cour des Loges proviennent de cette livraison. D’autres projets sont liés à la proximité : le chef va rencontrer les étudiants pour proposer de nouveaux produits (comme les fraises bio, très difficile à avoir sinon), et des ruches sur les terrasses arrières de l’hôtel (250 m2) fournissent le miel du petit-déjeuner. Et la boucle est bouclée avec le recyclage du pain et le traitement des déchets.
L’alimentation : un enjeu fort pour les territoires
On le voit, la question alimentaire fait le lien entre tous les acteurs.
En effet, il y a profusion des projets d’agriculture urbaine, mais également urgence en matière alimentaire. Une connexion entre les différents acteurs, entre urbain et rural, est nécessaire, mais se fait difficilement.
Alors « plutôt que de la végétalisation en ville, pourquoi pas de l’alimentation en ville ? » (Florence Ghestem).
Conclusion : changer de modèle ?
« L’autonomie alimentaire, c’est un processus plus qu’une finalité » (Jean-Michel Herbillon). Ainsi dès que l’on se pose la question de l’autonomie, apparait la nécessité du développement de la production locale, de l’utilisation de graines non brevetées (plantes anciennes), de la promotion du jardinage en ville pour l’éducation, le lien social, le bien-être… C’est tout un système qui est à repenser.
Pour les Incroyables Comestibles, un changement de modèle alimentaire est un préalable à un changement de modèle de société.